I am Oak: accords folks venus des cimes

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« Trees, oh trees, do you remember me… ». L’appel est doux, mélancolique. On serait à peine surpris d’entendre, entre deux grattements de guitare, la réponse d’un saule, ses branches flottant au vent. «Birds, oh birds, can you recall my song…» 

La première fois que j’ai entendu cette mélodie, au milieu d’une playlist hasardeuse, quelques notes ont suffit à me faire tendre l’oreille. Et quelques clics m’ont révélé que les auteurs de cette belle ballade étaient les musiciens de I am Oak, groupe indie-folk basé à Utrecht (décidément, l’Europe du Nord regorge de talents insoupçonnés).

Tout de suite, c’est le côté brut, nature de cette musique qui m’a plu. Il faut dire que même le nom du groupe, littéralement traduisible par « Je suis Chêne »,  sentait la sève et l’écorce à plein nez.

(Voilà le morceau en question. Qui a même été l’objet d’un remix populaire sur Youtube. Mais bon, moi et la musique électronique…: )

À l’origine du nom, on trouve le chanteur danois et fondateur du groupe, Thijs Kuijken (toujours une poésie, l’orthographe du Nord). Il m’explique que I am Oak fait en réalité référence à la ville de son enfance, une racine importante à ses yeux:

« Je suis né et j’ai grandi dans la ville de Bergeijk, ce qui veut dire Mont Chêne en danois ancien. Selon moi, le lieu où tu grandis a une réelle incidence sur la personne que tu deviens, et sur la manière dont tu perçois ce qui t’entoure. Donc le nom du groupe est une petite référence, ou plutôt une ode, à cet endroit»

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© I am Oak

L’aventure I am Oak commence il y a 8 ans. Il s’agit alors d’un projet solo: Le jeune Thijs compose ses premiers titres et se produit seul en concert. Mais rapidement, il recrute trois amis pour l’accompagner, et leur premier véritable album, On Claws, sort en 2010.

Les sonorités de I am Oak, c’est tout ce que j’aime: une voix sans chichi,  des harmonies de passage qui font frissonner, quelques instruments mais pas trop, même un peu de banjo ça et là. De l’authentique, quoi. Une simplicité qui s’explique à l’origine par un souci…logistique.

« Cela remonte à l’époque où j’ai quitté ma ville natale pour aller étudier à Utrecht. Je n’avais la place d’emporter qu’une guitare acoustique. J’ai donc commencé à écrire des chansons juste en guitare-voix, que je pouvais enregistrer et superposer à d’autres choeurs et mélodies de guitare. Tout cela constituait le squelette du morceau. Plus tard, lorsque j’ai repris ces démos pour en faire un album, je n’ai ajouté que ce que je jugeais nécessaire.»

(Bon exemple de ce minimalisme enchanteur: Thijs, sa voix et son banjo)

Souvent qualifié de « groupe folk à la Mumford & Sons » de par la présence du banjo notamment, I am Oak balaie ces assimilations (Thijs n’aime d’ailleurs pas les British en question…bon, je lui pardonne). Au fil des années, I am Oak va même évoluer vers un arsenal plus « rock », avec guitares électriques et synthé. Pourtant, on retrouve dans tous leurs titres ce rythme tranquille, balançant, comme un bruissement de feuilles qui soigne l’âme. Mais qui pourrait, il est vrai, vite lasser les adeptes de musique upbeat, ou peiner à faire danser vos invités sur la table (on ne peut pas tout avoir).

Et toujours, dans les paroles, cette nature omniprésente. Thijs le dit lui-même, il a grandi dans un pays plat (les plus hautes montagnes danoises culminent à près de…170 mètres. Des collines, en gros). Un panorama qui inspire ses tableaux musicaux, même s’il avoue être fasciné par nos vertigineux sommets.

« Les paysages danois sont jolis, mais pas très impressionnants comparés à, disons, les paysages suisses. Pourtant, il y a quand même en eux beaucoup de beauté.  Elle se trouve dans les petites choses. Et c’est peut-être aussi une certaine nostalgie de l’endroit. Chaque fois que je retourne là-bas, ça me fait du bien, c’est familier. »

(« I’ve heard it in songs and their neighboring landscapes »)

Depuis ses débuts, le groupe a reçu plusieurs récompenses aux Pays-Bas (dont « chanson de l’année 2012 » pour Palpable, ci-dessus). Mais au-delà de la reconnaissance de l’industrie, Thijs chérit tous ces petits moments qui rythment la vie d’artiste:

« Quand tu réalises pour la première fois que des gens sont vraiment venus pour te voir jouer, parce qu’ils ont entendu ta musique et aiment ça. Ou quand la même chose se passe à l’étranger. Ou lorsque quelqu’un que tu n’as jamais rencontré t’envoie un email pour te remercier de faire ce que tu fais. Des trucs comme ça. C’est assez fou et génial quand tu y penses.»

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© I am Oak

Leur cinquième album, « Our Blood », sortira le 26 février prochain (même en version vinyle, couleur vert d’eau s’il-vous-plaît!). Ces 12 nouveaux titres, Thijs y travaille depuis deux ans, en « semi-secret ». Niveau style,  il s’agit d’un mix de tout ce que le groupe a pu produire jusqu’à présent. Une sorte de nouvelle branche sur un tronc déjà bien solide (le premier single, Volcano, est à découvrir ici).

I am Oak déposera également ses guitares en Suisse ce printemps, pour deux petits concerts:

  • Le 11 mars à Treppenhaus, Rorschach
  • Le 12 mars à Berne, au Café Kairo

Si vous vous y laissez porter, vous m’y verrez très certainement, grisée par une brise de feuilles et de notes…

Virginie